An Heñchoú Treuz

Erik Marchand Titi Robin / An Henchou Treuz / cover

an heñchoú treuz

1990 – CD et digital

Erik Marchand : chant / Titi Robin (Thierry) : ‘oud, compositions

Musiciens solistes invités :

Hameed Khan : tabla / Marcel Guillou : chant / Fañch Landreau : violon / Youenn Le Bihan : bombarde / Michel Aumont : clarinette

an heñchoú treuz  (les chemins de traverse)

Chants du Centre-Bretagne / Grand Prix de L’Académie Charles Cros

Erik Marchand en Centre Bretagne (@Laurent Rousseau)
Erik Marchand en Centre Bretagne (@Laurent Rousseau)

La musique traditionnelle du Centre-Bretagne n’a jamais subi d’arrêt total dans sa pratique ou sa transmission. Comme beaucoup de musiques populaires (et pas seulement extra-européennes), elle a su conserver un fonctionnement et une évolution distincts de ceux de la musique savante occidentale et ce malgré les bouleversements culturels du XXe siècle et la déstructuration partielle de la société rurale. L’une des pratiques musicales les plus populaires en Centre-Bretagne est le Kan ha diskan (cf. chansons 5 et 9) qui est une forme de chant à répondre avec tuilage . Il est pratiqué par de nombreux chanteurs réguliers ou occasionnels qui accompagnent les danses en rond (dañ-sou tro) ou, plus précisément, les gavottes (Fisel, « Montagne » Dardoup, … ) et la « dañs plinn ». Ce sont ces danses qui ont su réunir la jeunesse autour d’elles, et les Festou-Noz (danses ou fêtes de nuit) sont passés sans trop de difficultés de l’aire à battre à la salle des fêtes du bourg, voire aux salles de danse des grandes villes et de la région parisienne. Une autre part du répertoire traditionnel chanté est composée de chansons à écouter (Soniou, Gwerziou) que nous appelons « mélodies ». Plusieurs disques 33-tours ont été enregistrés a capella, notamment par Jean-François Kemener, et l’accueil qui leur est fait par le public montre que l’intérêt demeure pour ces chants souvent très anciens. Les instruments utilisés à l’heure actuelle en Centre-Bretagne sont les mêmes que dans le reste de la Basse-Bretagne. Le mouvement breton a popularisé dans les années 50 la bombarde et le biniou qui étaient réservés auparavant aux sonneurs professionnels du Sud-Cornouaille et du Pays Vannetais ; ces instruments sont toujours joués en « couple » selon l’expression consacrée. La cornemuse écossaise importée pour raison de celtitude et utilisée dans les « badagou » (ensembles bombardes, cornemuses, batteries, proches des pipe-bands) est aussi sonnée en couple avec la bombarde. La Treujenn-Gaol (clarinette) était le véritable instrument de la région, mais sa pratique a diminué après-guerre et plusieurs sonneurs ont utilisé des bombardes et cornemuses pour suivre la mode. Le « musette » a aidé au développement de l’accordéon (surtout chromatique), la musique « rock » a apporté les guitares et basses électriques, le mouvement folk et celtique les violons, flûtes et uillean pipes, chaque fois assimilés à la tradition locale.

Il est incontestable que la musique du Centre-Bretagne utilise des intervalles étrangers à la gamme diatonique dominante « occidentale » ; par exemple, on trouve fréquemment des tétracordes de type : un ton, trois quarts de ton (*), trois quarts de ton, ou encore, un ton, trois quarts de ton, un ton. La démarche que nous suivons vise a respecter ces intervalles spécifiques, tant dans l’interprétation du répertoire traditionnel que dans les compositions et improvisations instrumentales s’en inspirant.

C’est dans ce cadre que Titi Robin, également guitariste et joueur de bouzouq, privilégie le jeu du luth méditerranéen ‘oud. Le luth apporte en effet une grande variété de techniques de jeux avec plectre, une facture et une accordature permettant de s’adapter avec précision à un répertoire monodique à tempérament inégal (grâce à sa touche sans ligature) ainsi qu’une riche tradition d’improvisation modale appelée, dans sa forme non mesurée, « taqsim » et utilisée ici comme prélude au chant n° 3, ou s’intercalant entre plusieurs séquences vocales, chant n° 7).

Erik Marchand pratique professionnellement le chant traditionnel breton depuis plusieurs années. Bien que les chanteurs ne soient en général pas accompagnés, il a tenté de nombreuses expériences avec des instrumentistes de divers horizons. L’intérêt qu’il porte à la modalité et aux systèmes de variations (qui sont une forme d’improvisation) l’a amené à travailler avec Titi Robin « oudiste » de culture occidentale.

« An Heñchoú Treuz » ou, en français, « Les chemins de traverse » sont, entre autre, une rérérence au terme grec « dromos » (route) qui recouvre la notion de mode en musique traditionnelle.

Erik Marchand

« De la blessure sortait le sang qui colorait en rouge ses vêtements... »

« Le lendemain à Carhaix, nous nous sommes salués avec des larmes dans les yeux... »

Prise de son et mixage: Richard Loury /Studio 20 à Pruillé (49) / Texte de présentation: Ronan Gorgiard / Photographies: Laurent Rousseau

OCORA-RADIO FRANCE / AMTA

While waiting for an English version of this site, here is some reading through the point of view of a musical journalist: On An Overgrown Path, by dear and respected Bob Shingleton.