Le « taqsim » est l’art oriental d’improvisation modale non mesurée. Les modes (souvent de tempéraments inégaux) sont choisis en fonction de leur caractère, ils ont une personnalité propre que l’interprète doit respecter. Cependant l’art de la modulation (afin de voyager d’un sentiment à un autre) est fréquent, et fonction de l’instant et du lieu où le musicien déroule son discours. Ici, le vocabulaire et le style d’interprétation sont issus de l’école orientale d’improvisation, mais la démarche singulière du luthiste consiste à assumer également sa propre sensibilité artistique de musicien européen. De plus cet enregistrement témoigne d’une aventure esthétique particulière : réaliser des tableaux musicaux en compagnie -et d’après- des modèles, posant en studio lors des prises de son, comme un peintre ou un sculpteur dans son atelier. La palette du musicien est constituée de notes, de modes qui ont chacun différentes couleurs. Des yeux de l’improvisateur aux oreilles de l’auditoire, le discours musical traduit les sentiments inspirés par ces tableaux vivants, dévoile un regard qui transgresse les fines cloisons séparant les formes d’expressions plastiques et musicales.